L'agroécologie


Définition

L'agriculture s'est transformée après la guerre. Elle s'intensifie grâce aux tracteurs. Elle est facilitée grâce aux produits chimiques. Les paysages changent et les espaces agricoles s'agrandissent. Dans les années 1970, peu de paysans maintiennent un discours prônant l'utilisation des services écosystémiques. C'est à dire les bénéfices offerts par la nature pour la société humaine. Aujourd'hui, l'agriculture a besoin de continuer à produire tout en respectant l'environnement et en limitant les rejets de CO2 causant le réchauffement climatique. En sachant que l'agriculture est le premier secteur le plus émetteur de CO2, un enjeu mondial pousse chacun à expérimenter et innover. 

 

En combinant deux sciences : l'agronomie et l'écologie, et d'autres domaines comme la sociologie, l'ethnologie, l'ethnozoologie, l'éthologie, l'économie, l'environnement, la géologie, la géographie et les sciences du climat, l'agroécologie est une science holistique. C'est à dire qu'elle étudie un système complexe dans son ensemble. Le contraire est l'étude analytique qui sépare un système en catégories afin de les comprendre individuellement. En s'intéressant aux relations, aux liens entre chaque élément d'un système, on peut mettre l'accent sur le comportement des systèmes et ses mécanismes de réaction. 

 

L'agroécologie est une conception à penser sur le long terme. C'est un système de production qui va s'appuyer sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. On vise à amplifier les services écosystémiques afin de créer un lieu presque autosuffisant voir totalement. En s'inspirant des forêts nourricières qui produisent tout en ayant la capacité de s'autorenouveler, utiliser l'énergie de la nature permet d'être économe et de renforcer la biodiversité. Construire un système en agroécologie prend du temps afin que les services de la nature se mettent en place. Cela nécessite également d'oser expérimenter et d'être capable d'observer et de comprendre les mécanismes engendrés. On ne peut cependant pas généraliser une technique proposée à l'ensemble d'un territoire. Il faut d'abord comprendre et définir le lieu de production pour trouver des mécanismes spécifiques à adopter. 

 

On peut également se poser la question de la superficie d'exploitation. L'agroécologie apporte de la biodiversité dans une système de production et va donc à l'encontre de la monoculture. En choisissant des espèces adaptées au sol, au climat et à bien d'autres paramètres, les cultures sont alors diversifiés, plus petites et spécifiques à une localisation. Le travail est alors concentré sur plusieurs productions et se veut être différent d'une grosse exploitation conventionnelle. Pour que l'agroécologie nourrisse une ville entière, il serait nécessaire de mobiliser un ensemble de producteurs offrant une diversité de produits (légumes, fruits, légumes, céréales, œufs, viandes, lait, plantes aromatiques et médicinales). De plus, pour assurer la sécurité alimentaire, il faut également toucher le consommateur pour éviter le gaspillage, proposer des recettes locales et offrir une nourriture riche et saine. L'agroécologie ne touche donc pas que l'agriculteur mais bien chaque acteur de la chaîne de production jusqu'au consommateur afin d'être en accord avec des engagements durables.


Les engrais verts

Parcelle de vignes avec des engrais verts dans les inter-rangs chez Anthony ROBIN au domaine du Clos Frémur.

Parcelle de vignes utilisant le désherbage chimique (https://images.sudouest.fr/).


Plus de 40 espèces ont été identifiées dans les vignes d'Anthony ROBIN lors d'une seule journée d'inventaire, en les comptant parmi les oiseaux, les plantes et les mammifères. En rajoutant les insectes, cette parcelle devient un lieu de biodiversité en cette saison du printemps, temps de reproduction pour de nombreuses espèces. Le vigneron a semé de l'avoine barbue, Avena barbata, qui permet de décompacter le sol avec ses racines, et de la vesce fève, Vicia faba, une légumineuse capable de fixer l'azote. En comparant les deux photos ci-dessous, on remarque que le désherbage chimique empêche toute forme de biodiversité de s'installer. En utilisant les engrais verts à une saison particulière, le paysage est à nouveau rempli d'habitats pour les espèces. 

Le pinson des champs, Fringilla coelebs (régulateur d'insectes)

Le trèfle violet, Trifolium pratense (fixateur d'azote)


Il faut savoir que les vignes d'Anthony ROBIN sont désherbées mécaniquement grâce à la traction animale. Une planification sur l'année est nécessaire afin que les actions de labourage réalisées avec le cheval ne soit pas perturbées par les hautes herbes. Le travail peut devenir compliqué sinon.

Parcelle de vignes d'Anthony ROBIN du domaine du Clos Frémur

Le labourage est réalisé dans le cavaillon (zone sous le pied de vigne) et sur une bande de 40 cm de large le long des vignes. Le but est de maintenir un travail constant sur cette zone pour éviter la repousse de la végétation. Les travaux réalisés sont : 

  • Début printemps : Décavaillonnage (si possible avant le semis d'engrais vert). 
  • Printemps et été : Griffage tous les mois à l'aide d'une herse canadienne pour légèrement gratter le sol et éviter la repousse des végétaux. Il est important de surveiller les champs pour voir apparaître la pousse des premières plantules. Si la parcelle est un sol compliqué et dur, il faut également penser à s'organiser avec la météo afin de travailler juste après la pluie. 
  • Eté : Anthony ROBIN a couché son engrais vert qui reste sur le sol comme couvert végétal. Les plantes vont se décomposés et enrichir le sol en matière organique. L'activité biologique sera alors importante durant l'été et l'automne. C'est à dire que les bactéries et les champignons vont dégradés cette matière végétale en humus renouvelant ainsi la terre.

Les engrais verts sont couchés sur le sol au moment où la vigne se développe. Ainsi, ce couvert végétal garde l'humidité du sol et de la fraicheur. La vigne n'est alors plus en compétition avec d'autres végétaux au moment de la fructification. Les engrais verts auront permis de limiter l'apport d'intrants. Il serait nécessaire d'évaluer la quantité d'éléments (azote, phosphore, etc.) fixés chaque année grâce aux engrais verts. Par la suite, il faudrait calculer la quantité optimum d'intrants à apporter. Afin de rester dans une démarche écoresponsable, les intrants peuvent être du fumier de cheval, du lisier ou d'autres techniques présentées en biodynamie. 

 

En automne : C'est l'étape du chaussage. Cela consiste a reformé une butte dans le cavaillon. L'hiver, la pousse de la végétation est ralentie. Dans certains vignobles, c'est à cette période qu'un engrais vert hivernal est semé à l'automne, puis mangé par des moutons en fin d'hiver pour préparer la nouvelle saison débutant au printemps. 

 

Pour accompagner la démarche d'agroécologie dans le vignoble du clos Frémur, d'autres actions peuvent être réalisées :

La Ligue de Protection de Oiseaux (LPO) a réalisé un diagnostic écologique du domaine du Clos Frémur et a soumis des propositions de gestion. 

  • Le délaissement des tournières. Les tournières sont des zones où le tracteur ou le cheval réalise leur tournant afin de pouvoir à nouveau entrer dans les rangs de cultures. En laissant ces zones se végétalisées naturellement, cela offre à la parcelle un encadrement riche en habitats écologiques. Il est tout de même important de contrôler cette végétation. Les plantes peuvent semer leur graine dans la parcelle cultivée et induire une augmentation du nombre de mauvaises herbes. Il pourrait être alors intéressant de faucher avant que les graines ne se sèment ou alors sélectionner la végétation des tournières en semant artificiellement en évitant les espèces trop disséminatrices. 
  • L'entretien tardif. En laissant une structure de végétation herbacée haute, les mammifères, les insectes et les oiseaux peuvent venir s'y cacher. 
  • Créer des corridors écologiques. Il est bien de créer une zone de grande biodiversité mais il faut cependant penser que les espèces se déplacent et ont besoin de voies naturels pour se mouvoir entre deux habitats et se reproduire ou se nourrir. Il serait alors nécessaire que les espaces voisins favorisent également la biodiversité. 
  • Zone enherbée. Habitat des auxiliaires (animaux régulant les nuisibles ou les pollinisateurs), les zones enherbées doivent être conçu pour apporter un maximum de continuité sur la parcelle. 
  • Zone arborée. Afin d'offrir une grande richesse pour la biodiversité, il faut que les haies soient continues en évitant des écarts trop importants entre les arbres. Les îlots forestiers ont également une forme très adapté.
  • Protéger les zones humides. Une zone humide est un terrain, exploité ou non, habituellement inondé ou gorgé d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année. 

 

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Des agriculteurs bio partagent leur savoir-faire : traction animale
Facilitation de l’installation sur de petites surfaces, contribuant à maintenir le tissu agricole. Indépendance énergétique et donc économique des fermes. Production d’aliments sans pollutions : pas de recours aux énergies fossiles (carburant, produits phytosanitaires…). Valorisation de territoires à fort handicap naturel (altitude, pente…). Productions alimentaires diversifiées pour la vente directe, pour une cohésion sociale entre agriculteurs et consommateurs.
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